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KHUMEIA - Comprendre la notion d'ésotérisme et ses fondements

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[en cours] 2024-2025

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L'ENS de Lyon accueille de nombreux laboratoires de recherche en sciences exactes, sciences humaines et sociales.

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Dans l’imaginaire collectif, l’ésotérisme est un agglomérat assez flou de représentations non-scientifiques sur le spirituel ou le paranormal, tournant autour de la magie, des sciences occultes ou encore certaines formes de spiritualité new age. Le terme d’ésotérisme dans son sens contemporain semble trop imprécis pour rendre raison des différentes pratiques ésotériques qui, bien loin d’être des pratiques occultes et obscurantistes, sont considérées comme de véritables sciences dans leurs aires géographiques respectives. 

Loin de se réduire à des pratiques circonstanciées, l’ésotérisme représente un mode alternatif de pensée à part entière, qui s’opposerait au dogmatisme ou aux formes hégémoniques de rationalisme, et s’étant développé dans différentes aires culturelles. Il se caractériserait notamment par son aspect non-conventionnel, caché, syncrétique et fermé. Se pose alors inévitablement la question de la pertinence de l’usage d’une notion commune à des phénomènes aussi diversifiés et a priori civilisationnellement éloignés. Nous pouvons alors craindre que la définition actuelle de l’ésotérisme soit impropre à qualifier des pratiques pourtant appelées « ésotériques » dans les sphères culturelles non-occidentales. C’est pour cela que l’adoption d’une perspective globale transcendant les différentes civilisations nous paraît pertinente. Les transferts culturels sont au cœur même des différentes traditions ésotériques : non seulement les études comparatistes inter-religieuses constituent un axe important de la recherche dans ce domaine (Guénon, 1973 ; Zaehner, 1960 ; Zarcone et Hobart, 2013), mais les représentations de ces courants ésotériques – par exemple dans le cas d’un « Orient » fantasmé et quasi-magique, que ce soit dans la tradition grecque, ou occidentale moderne du XIXème et du XXème siècle – constituent un objet d’étude à part entière. 

La discussion épistémologique au sein de notre laboratoire junior nous permettra d’analyser les différents contextes dans lesquels l’étiquette « ésotérisme » a été déployée, et les fondements idéologiques sur lesquels reposent les différents usages du terme. Cette démarche nous fera ainsi comprendre, par exemple, les différentes récupérations et détournements des ésotérismes non-occidentaux par les autorités et les intellectuels coloniaux et leurs importances dans la perpétuation d’une domination coloniale et/ou néocoloniale. Ces dynamiques se fondent alors sur une création d’étiquettes à des fins politiques ou idéologiques, ou alors sur le réinvestissement par le champ politique d’étiquettes neutres ou créées de façons inconscientes. Sur un plan méthodologique, nous mobiliserons des outils devenus relativement classiques pour l’analyse des minores. 

Ce travail nous aidera aussi à repenser la dichotomie Occident/Orient dans le champ de l’histoire des idées et des systèmes de pensée. Réfléchir sur l’ésotérisme, c’est avant tout revoir sous un autre œil ce qu’on considère habituellement comme l’histoire du développement des sciences en Occident, mais également la constitution de ce même Occident dans son opposition à un certain Orient fantasmé. 

L’adoption d’une perspective globale pour l’étude de la notion d’ésotérisme nous permettra aussi d’étudier l’histoire du développement des sciences en Occident, et la constitution de ce même Occident dans son opposition à un certain Orient fantasmé. Notre perspective méthodologique nous invite alors à un plus grand décloisonnement disciplinaire du champ d’étude de l’ésotérisme en étudiant celui-ci sous un angle philosophique, historique, scientifique, socio-politique et anthropologique, afin de mettre en perspective les doctrines caractéristiques des ésotérismes avec les rituels et pratiques qui leur sont associées, les contextes sociaux dans lesquels ils s’inscrivent, et enfin les relations de pouvoir qu’ils instaurent. Cela nous oblige à ne plus étudier l’ésotérisme seulement comme une doctrine et un ensemble de pratiques qui ne concernent que quelques initiés, mais également comme un phénomène social dont l’influence et l’importance dépasse le cadre des initiés.

Date de création

Janvier 2024

Date de clôture

Décembre 2025

Porteurs et porteuses du projet

  • Massil KACHETEL
  • Yasmine KARRAY
  • Gabriel MANDENGUE
  • Tito RICHARD-BOURNAZEL
  • Maysara BARAKAT
  • Driss GHODBANI
  • Emma DE TAUZIA

massil.kachetel [at] ens-lyon.fr