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Agenda de l'ENS de Lyon

Religion et hérésies dans la pensée d'Antonio Gramsci

Date
ven 22 sep 2023
Horaires

14h

Lieu(x)

Salle D2-034

Intervenant(s)

Mme Marie LUCAS du laboratoire TRIANGLE, sous la direction de M. Romain DESCENDRE

Organisateur(s)
Langue(s) des interventions
Description générale

Étude historico-critique des sources et de la genèse de la réflexion du penseur et dirigeant politique Antonio Gramsci (1891-1937) sur la religion et les hérésies, cette thèse restitue d’abord sa conception du socialisme comme religion, depuis son arrivée à Turin (1911) jusqu’à son arrestation (1926). Les résolutions du Komintern en 1923 révèlent un écart entre la politique antireligieuse de l’URSS et la direction gramscienne qui exclut l’athéisme militant. La collaboration avec des catholiques dissidents, notamment lors de la mobilisation antifasciste, ouvre des débats sur la dissidence politique comme hérésie et recompose la chronologie des rapports entre communistes et catholiques en Italie.
En prison, Gramsci rend compte, au lendemain du Concordat de 1929, d’une « capitulation de l’État moderne » devant l’Église, dont les jésuites seraient les artisans, à travers l’actualisation de la potestas indirecta du théologien Bellarmin (1542-1621. La confrontation avec les encycliques du pape Pie XI stimule la genèse des catégories théorico-politiques des Cahiers de prison. Contre la nouvelle Contre-Réforme, une conception positive de la religion se dégage, ayant pour modèle la Réforme protestante, définie en discussion avec le philosophe B. Croce et le sociologue M. Weber, en contrepoint des réformes ayant cours en Union soviétique. La lecture gramscienne de Marx nourrit une conception originale de la croyance collective comme force de transformation historique et du marxisme comme religion immanente. Ayant établi le modèle jacobin français de laïcité comme une hérésie libérale du christianisme, Gramsci cherche à inscrire la « philosophie de la praxis » dans une histoire italienne des hérésies, depuis les ferments médiévaux jusqu’à la crise moderniste, aspirant cependant à devenir une « religion supérieure ». L’analogie critique entre christianisme et marxisme permet ainsi d’explorer la
tension dialectique entre totalité accomplie et fraction contestataire.

Gratuit

Mots clés

Disciplines