Cette thèse porte sur l’internationalisation et l’européanisation des villes françaises par le biais des réseaux de coopérations internationales entre villes. Elle propose une approche différente de l’internationalisation des villes, souvent abordée par une entrée économique et par la mise en compétition des espaces, pour se centrer sur celle des liens de coopérations portés par des acteurs politiques locaux. Ces coopérations internationales se divisent en trois types : les coopérations bilatérales, les projets européens et les associations de villes. L’objectif est de montrer comment ces liens de coopérations structurent et maillent les territoires à différentes échelles.
D’un point de vue méthodologique, mon travail de recherche se caractérise par le recours à des approches diverses et complémentaires. Trois bases de données recensant ces liens de coopérations ont été analysées : une sur les projets européens (récupérée sur le site keep.eu), une sur les jumelages des 100 plus grandes villes françaises (construite lors de cette recherche) et une sur les associations de villes à l’échelle mondiale (construite lors de cette recherche). J’utilise des techniques quantitatives pour exploiter ces bases de données, par le biais de l’analyse de réseau et de l’analyse spatiale. Je croise les résultats obtenus à des données issues d’une enquête qualitative (entretiens semi-directifs auprès de d’acteurs urbains et de ceux qui encadrent ces coopérations, observations lors d’évènements internationaux), pour interroger plus en profondeur les politiques publiques et les stratégies déployées par les acteurs des coopérations internationales entre villes.
Quatre résultats majeurs en découlent. Souvent abordées par les sciences politiques, les coopérations internationales sont peu analysées par un prisme spatial. Tout d’abord, l’espace joue un rôle central dans la mise en place des coopérations, et il est structuré par celles-ci. En effet, ces coopérations font apparaître des espaces régionaux. Parmi eux, l’échelle européenne apparaît tout particulièrement, ce qui constitue le deuxième principal résultat : les coopérations entre villes sont portées par les institutions européennes qui s’en servent pour appuyer la construction d’un espace communautaire unifié. Troisièmement, on a pu tester l’opérationnalité du concept de rescaling utilisé par Nicolas Escach dans sa thèse sur les coopérations entre villes autour de la mer Baltique. Une géographie alternative des villes centrales au sein des réseaux de villes est révélée, et s’explique en partie par le fait que les villes utilisent les coopérations internationales pour se repositionner dans la hiérarchie urbaine et vis-à-vis des institutions nationales et supranationales. Enfin, on montre que ces coopérations ont des effets sur les espaces mis en coopération. Elles permettent aux villes d’échanger des bonnes pratiques sur des grands enjeux contemporains tels que la crise du covid ou encore le changement climatique, et conduisent les villes à adopter une posture active face à ces recompositions à l’échelle mondiale. Ces coopérations structurent également les acteurs à l’échelle locale et participent à la formalisation d’un projet de développement territorial qui permet de penser la ville comme un acteur collectif.
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